☩
Évangile
Matthieu 5, 23-26. Traduction officielle liturgique.
☩ Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou.
Matthieu 12, 32. Traduction officielle liturgique.
☩ Et si quelqu’un dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un parle contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné, ni en ce monde-ci, ni dans le monde à venir.
Livre des Maccabées
Présentation
Dernier livre de l’Ancien Testament, le Livre des Maccabées est reconnu par l’Église catholique et les églises orientales (Orthodoxes). Il a été expurgé du canon protestant par Martin Luther.
Il raconte la révolte des Juifs contre la domination séleucide (grecque) vers l’an -160. Judas Maccabée et ses frères mènent une guerre de libération religieuse et politique. L’extrait parle de soldat juifs dont on avait trouvé des amulettes païennes sur leur dépouilles après une bataille. Ce péché d’idolâtrie étant très grave, on organise pour eux des sacrifices pour expier les péchés de ces morts.
2 Maccabées 12, 43-46. Traduction officielle liturgique.
Il organisa une collecte auprès de chacun et envoya deux mille pièces d’argent à Jérusalem afin d’offrir un sacrifice pour le péché. C’était un fort beau geste, plein de délicatesse, inspiré par la pensée de la résurrection. Car, s’il n’avait pas espéré que ceux qui avaient succombé ressusciteraient, la prière pour les morts était superflue et absurde. Mais il jugeait qu’une très belle récompense est réservée à ceux qui meurent avec piété : c’était là une pensée religieuse et sainte. Voilà pourquoi il fit ce sacrifice d’expiation, afin que les morts soient délivrés de leurs péchés.
Première Lettre de Saint-Paul aux Corinthiens
1 Corinthiens 3, 13-15. Traduction officielle liturgique.
L’ouvrage de chacun sera mis en pleine lumière. En effet, le jour du jugement le manifestera, car cette révélation se fera par le feu, et c’est le feu qui permettra d’apprécier la qualité de l’ouvrage de chacun. Si quelqu’un a construit un ouvrage qui résiste, il recevra un salaire ; si l’ouvrage est entièrement brûlé, il en subira le préjudice. Lui-même sera sauvé, mais comme au travers du feu.
Catéchisme de l’Église Catholique
Présentation
Voulu par saint Jean-Paul II, publié en 1992, le Catéchisme de l’Église Catholique a été rédigé et mis à jour par les plus grands théologiens de l’Église, afin d’apporter des réponses claires et argumentées dans un très grand nombre de domaines. Il fait suite aux catéchismes de Trente et de saint Pie X, qui ont une forme différente mais un fond similaire, quoique moins détaillé.
1020
Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une purification, soit pour entrer immédiatement dans la béatitude ciel, soit pour se damner immédiatement pour toujours
1031
L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment des damnés. L’Église a formulé la doctrine de la foi relative au Purgatoire surtout aux Conciles de Florence et de Trente. La tradition de l’Église, faisant référence à certains textes de l’Écriture (par exemple 1Co 3,15 ; 1P 1, 7), parle d’un feu purificateur :
Pour ce qui est de certaines fautes légères, il faut croire qu’il existe avant le jugement un feu purificateur, selon ce qu’affirme Celui qui est la Vérité, en disant que si quelqu’un a prononcé un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pardonné ni dans ce siècle-ci, ni dans le siècle futur (Mt 12, 31). Dans cette sentence nous pouvons comprendre que certaines fautes peuvent être remises dans ce siècle-ci, mais certaines autres dans le siècle futur (saint Grégoire le Grand, dialogi 4, 39).
1032
Cet enseignement s’appuie aussi sur la pratique de la prière pour les défunts dont parle déjà la Sainte Écriture : « Voilà pourquoi il (Judas Maccabée) fit faire ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu’ils fussent délivrés de leur péché » (2 M 12, 46). Dès les premiers temps, l’Église a honoré la mémoire des défunts et offert des suffrages en leur faveur, en particulier le sacrifice eucharistique (cf. DS 856), afin que, purifiés, ils puissent parvenir à la vision béatifique de Dieu. L’Église recommande aussi les aumônes, les indulgences et les œuvres de pénitence en faveur des défunts :
Portons-leur secours et faisons leur commémoraison. Si les fils de Job ont été purifiés par le sacrifice de leur père (cf. Jb 1, 5), pourquoi douterions-nous que nos offrandes pour les morts leur apportent quelque consolation ? N’hésitons pas à porter secours à ceux qui sont partis et à offrir nos prières pour eux (saint Jean Chrysostome, homiliæ in primam ad Corinthios 41, 5 : PG 61, 361C).
1054
Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie de Dieu.
1261
Quant aux enfants morts sans Baptême, l’Église ne peut que les confier à la miséricorde de Dieu, comme elle le fait dans le rite des funérailles pour eux. En effet, la grande miséricorde de Dieu, qui veut que tous les hommes soient sauvés (cf. 1 Tm 2, 4), et la tendresse de Jésus envers les enfants, qui Lui a fait dire : ‘Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas’ (Mc 10, 14), nous permettent d’espérer qu’il y ait un chemin de salut pour les enfants morts sans baptême. D’autant plus pressant est aussi l’appel de l’Église à ne pas empêcher les petits enfants de venir au Christ par le don du saint Baptême
1472
Pour comprendre cette doctrine et cette pratique de l’Église il faut voir que le péché a une double conséquence. Le péché grave nous prive de la communion avec Dieu, et par là il nous rend incapables de la vie éternelle, dont la privation s’appelle la « peine éternelle » du péché. D’autre part, tout péché, même véniel, entraîne un attachement malsain aux créatures, qui a besoin de purification, soit ici-bas, soit après la mort, dans l’état qu’on appelle Purgatoire. Cette purification libère de ce qu’on appelle la « peine temporelle » du péché. Ces deux peines ne doivent pas être conçues comme une espèce de vengeance, infligée par Dieu de l’extérieur, mais bien comme découlant de la nature même du péché. Une conversion qui procède d’une fervente charité, peut arriver à la totale purification du pécheur, de sorte qu’aucune peine ne subsisterait.
1475
Dans la communion des saints « il existe donc entre les fidèles – ceux qui sont en possession de la patrie céleste, ceux qui ont été admis à expier au purgatoire ou ceux qui sont encore en pèlerinage sur la terre – un constant lien d’amour et un abondant échange de tous biens » (Paul VI, const. ap. Indulgentiarum doctrina). Dans cet échange admirable, la sainteté de l’un profite aux autres, bien au-delà du dommage que le péché de l’un a pu causer aux autres. Ainsi, le recours à la communion des saints permet au pécheur contrit d’être plus tôt et plus efficacement purifié des peines du péché.
1498
Par les indulgences les fidèles peuvent obtenir pour eux-mêmes et aussi pour les âmes du Purgatoire, la rémission des peines temporelles, suites des péchés.
Alphonse de Ligori
Présentation
Alphonse de Liguori (1696–1787) est un évêque, théologien moraliste et fondateur de la Congrégation du Très Saint Rédempteur (Rédemptoristes), canonisé en 1839 et proclamé Docteur de l’Église en 1871. Défenseur de la miséricorde divine face au rigorisme, il a profondément marqué la théologie morale catholique. Nous reprenons ici un extrait de son Traité de la dévotion au scapulaire du mont Carmel, que l’on retrouve aussi chez Thérèse d’Avila.
Le père Crasset et Lezzana parlant du scapulaire des Carmes, disent que vers l’an 1251, la sainte Vierge apparut au bienheureux Simon Stock, Anglais de nation, et que lui donnant son scapulaire elle lui dit que ceux qui le porteraient seraient à l’abri de la damnation éternelle. Voici ses propres paroles : « Recevez, mon fils bien-aimé, ce scapulaire de votre ordre : c’est le signe de ma confraternité ; privilège personnel pour vous et pour tous les Carmes : celui qui à sa mort s’en trouvera revêtu n’aura point à craindre le feu éternel. »
En outre, le père Crasset raconte que Marie était apparue une autre fois au pape Jean XXII, lui ordonna de faire savoir à tous ceux qui porteraient ce scapulaire qu’ils seraient délivrés du purgatoire le samedi après leur mort, ainsi que ce même pontife le déclara textuellement dans sa bulle confirmée depuis Alexandre V, par Clément VII et d’autres papes, comme on peut le voir dans l’ouvrage déjà cité du père Crasset.
Or, d’après ce que nous avons remarqué dans la première partie, Paul V donne à entendre la même chose, et semble expliquer les bulles des papes ses prédécesseurs ; car il prescrit dans sa bulle les conditions à observer pour gagner les indulgences attachées à cette pratique ; savoir, l’observance de la chasteté, chacun selon son état, et la récitation du petit office de la Vierge : il avertit ceux qui ne peuvent le réciter d’observer au moins les jeûnes de l’Église, et de s’abstenir de manger de la viande le mercredi.
Saint Augustin
Présentation Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone dans l’actuelle Algérie, est l’un des plus grands penseurs chrétiens de l’Antiquité. D’abord attiré par le manichéisme et la philosophie grecque, il se convertit au christianisme sous l’influence d’Ambroise de Milan. Son œuvre, notamment Les Confessions et La Cité de Dieu, développe une réflexion sur la grâce, le péché, la liberté et le rapport entre l’Église et le monde. Docteur de l’Église, il a profondément marqué la théologie occidentale et la philosophie médiévale.
La cité de Dieu, chapitre 25
Le prophète Malachie ou Malachi appelé aussi Ange, et qui, suivant quelques-uns, est le même qu’Esdras, dont il y a d’autres écrits reçus dans le canon des livres saints (tel est, d’après Jérémie, le sentiment des Hébreux), Malachie, dis-je, a parlé ainsi du jugement dernier : « Le v>doici qui vient, dit le Seigneur tout-puissant ; et qui soutiendra l’éclat de son avènement, ou qui pourra supporter ses regards ? Car il sera comme le feu d’une fournaise ardente et comme l’herbe des foulons ; et il s’assoira comme un fondeur qui affine et épure l’or et l’argent ; et il purifiera les enfants de Lévi, et il les fondra comme l’or et l’argent ; et ils offriront des victimes au Seigneur en justice. Et le sacrifice de Juda. et de Jérusalem plaira au Seigneur, comme autrefois dans les premières années. Je m’approcherai de vous pour juger, et je « serai un témoin fidèle contre les enchanteurs, les adultères et les parjures, contre ceux qui retiennent le salaire de l’ouvrier, qui oppriment les veuves par violence, outragent les orphelins, font injustice à l’étranger, et ne craignent point mon nom, dit le Seigneur tout-puissant. Car je suis le Seigneur votre Dieu, et je ne change point ».
Ces paroles font voir clairement, à mon avis, qu’en ce jugement il y aura pour quelques-uns des peines purifiantes. Que peut-on entendre autre chose par ce qui suit : « Qui soutiendra l’éclat de son avénement, ou qui pourra supporter ses regards ? Car il sera comme le feu d’une fournaise ardente et comme l’herbe des foulons. Il s’assoira comme un fondeur qui affine et épure l’or et l’argent ; et il purifiera les enfants de Lévi, et il les fondra comme l’or et l’argent ».
lsaïe dit quelque chose de semblable : « Le Seigneur fera disparaître les impuretés des fils et des filles de Sion, et ôtera le sang du milieu d’eux par le souffle du jugement et par le souffle du feu ». À moins qu’on ne veuille dire qu’ils seront purifiés et comme affinés, lorsque les méchants seront séparés d’eux par le jugement dernier, et que la séparation des uns sera la purification des autres, puisqu’à l’avenir ils vivront sans être mêlés ensemble. Mais, d’un autre côté, lorsque le Prophète ajoute « qu’il purifiera les enfants de Lévi, et les affinera comme on affine l’or et l’argent, qu’ils offriront des victimes au Seigneur en justice, et que le sacrifice de Juda et de Jérusalem, il faut entendre l’Eglise de Dieu, composée non-seulement des Juifs, mais des autres nations, non pas telle qu’elle est dans ce temps de pèlerinage, dans ce temps où : « Si nous disons que nous n’avons point de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous », mais telle qu’elle sera alors, purifiée par le dernier jugement, comme une aire nettoyée par le van.
Ceux mêmes qui ont besoin de cette purification ayant été purifiés par le feu, nul n’aura plus à offrir de sacrifice à Dieu pour ses péchés. Sans doute tous ceux qui sacrifient ainsi sont coupables de quelques péchés, et c’est pour en obtenir la rémission qu’ils sacrifient ; mais lorsqu’ils auront fait accepter leur sacrifice, Dieu les renverra purifiés.
Saint Thomas d’Aquin
Présentation
« Philosophia ancilla theologiæ » : la philosophie est la servante de la théologie.
Saint Thomas d’Aquin (1225–1274) est l’un des plus grands théologiens et philosophes de l’Église, canonisé en 1323 et proclamé Docteur de l’Église en 1567. Membre de l’Ordre des Prêcheurs (dominicains), il a synthétisé la pensée chrétienne dans sa Somme Théologique, sous la forme de questions menant à des objections, réponses et solutions. Voici quelques extraits de son œuvre immense, relatifs au purgatoire.
Somme Théologique Ia, question 89, article 8 (solutions)
Les âmes séparées connaissent-elles ce qui se passe ici-bas ?
1 - Les âmes des morts peuvent avoir souci des affaires des vivants, même si elles ignorent leur état ; de même avons-nous le souci des morts, en offrant pour eux des suffrages, quoique leur état nous soit inconnu. - Elles peuvent aussi connaître les actions des vivants, non par elles-mêmes, mais soit par les âmes qui, d’ici-bas, arrivent près d’elles, soit par les anges ou les démons ; soit encore ” par une révélation de l’Esprit de Dieu ”, comme dit Saint Augustin dans le même ouvrage. »
2 - Que les morts apparaissent aux vivants de façon ou d’autre, cela peut arriver par une permission spéciale de Dieu s’il veut que les âmes des morts interviennent dans les affaires des vivants ; et cela doit être compté parmi les miracles divins. Ou bien ces apparitions se font par l’opération des anges bons ou mauvais, même à l’insu des morts ; de même que des vivants apparaissent sans le savoir à d’autres vivants dans leur sommeil, comme dit S. Augustin dans l’ouvrage cité. Donc, on peut dire au sujet de Samuel qu’il est apparu par une révélation divine selon ce passage de l’Ecclésiastique (46,20) : ” Samuel s’endormit dans la mort, et annonça au roi sa fin. ” On peut dire aussi que cette apparition fut procurée par les démons, au cas où l’on n’admettrait pas l’autorité de l’Ecclésiastique, parce que ce livre ne se trouve pas parmi les Écritures canoniques chez les hébreux.
Somme Théologique IIa, question 83, article 4 (solutions)
Ne doit-on prier que Dieu ?
2 - Les morts, à ne considérer que leur condition naturelle, ne savent pas ce qui se passe en ce monde, surtout dans l’intime des cœurs. Mais, nous dit S. Grégoire, les bienheureux découvrent dans le Verbe ce qu’ils doivent connaître de ce qui nous arrive, même quant aux mouvements intérieurs du cœur. Or il convient par-dessus tout au rang élevé qui est le leur, qu’ils connaissent les demandes qui leur sont faites oralement ou mentalement. Ils connaissent donc les prières que nous leur adressons, parce que Dieu les leur découvre.
3 - Ceux qui sont en ce monde ou dans le purgatoire ne jouissent pas encore de la vision du Verbe. Ils ne peuvent donc pas connaître ce que nous pensons ou disons. C’est pourquoi nous n’implorons pas leurs suffrages par la prière, sinon en ce qui concerne les vivants, par nos demandes.
Somme Théologique IIa, question 83, article 11 (solutions)
Les saints du ciel prient-ils pour nous ?
3 - Ceux qui sont au purgatoire, bien que supérieurs à nous par leur impeccabilité, sont en état d’infériorité si l’on considère les peines qu’ils souffrent. A ce point de vue, ils ne sont pas en état de prier, mais plutôt que l’on prie pour eux.
Somme Théologique IIIa, question 52, article 8 (solutions)
Par sa descente aux enfers, le Christ a-t-il libéré les hommes du purgatoire ?
1 - Du texte de S. Augustin on ne peut conclure que tous ceux qui se trouvaient dans le purgatoire en ont été délivrés, mais que cette faveur a été octroyée à quelques-uns d’entre eux, c’est-à-dire à ceux qui étaient déjà suffisamment purifiés, ou même à ceux qui avaient mérité durant leur vie, par leur foi et leur dévotion à la mort du Christ, d’être libérés de la peine temporelle du purgatoire, lorsque le Christ descendrait aux enfers.
2 - La vertu du Christ agit dans les sacrements par mode de guérison et d’expiation. Le sacrement de l’eucharistie libère donc l’homme du purgatoire autant qu’elle est un sacrifice satisfactoire pour le péché. Or, la descente du Christ aux enfers n’a pas été satisfactoire. Elle agissait pourtant en vertu de la passion, qui, a été satisfactoire, ainsi qu’on l’a vu plus haut; mais la passion n’était elle-même satisfactoire qu’en général; sa vertu devait être appliquée aux hommes par des moyens particuliers et spéciaux à chacun d’entre eux. Il n’était donc pas nécessaire que la descente du Christ aux enfers les libère tous du purgatoire. »
3 - Les faiblesses, dont le Christ guérissait simultanément les hommes en cette vie, étaient personnelles et propres à chacun d’eux. Mais l’exclusion de la gloire de Dieu était une déficience générale qui atteignait toute la nature humaine. Aussi rien n’empêche que ceux qui étaient dans le purgatoire aient été délivrés par le Christ de cette peine qu’est l’exclusion de la gloire, sans être libérés de l’obligation à la peine du purgatoire, qui est personnelle à chacun. Les saints patriarches, au contraire, ont été libérés, avant l’arrivée du Christ, de leurs peines personnelles, mais non de la peine commune, comme on l’a dit plus haut.
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus (de Lisieux)
Présentation
Thérèse Martin (1873-1897) est une carmélite du couvent de Lisieux en Normandie. Entrée très jeune au Carmel, elle a vécu une vie cachée, marquée par une grande simplicité et une foi ardente. Dans son manuscrit autobiographique, Histoire d’une âme, elle expose sa « petite voie », un chemin de sainteté fondé sur la confiance absolue en Dieu et l’abandon dans l’amour. Canonisée en 1925, proclamée Docteur de l’Église en 1997, elle propose une sainteté accessible à tous.
Nous reprenons un passage de son manuscrit autobiographique, Histoire d’une âme, où elle expose sa « petite voie », un chemin de sainteté fondé sur la confiance absolue en Dieu et l’abandon dans l’amour. Ici, Sainte Thérèse répond à une sœur qui croit qu’il est obligatoire de passer par le purgatoire.
Histoire d’une âme
Vous n’êtes pas assez confiante, vous avez trop peur du Bon Dieu. Je vous assure qu’Il en est affligé. Ne craignez pas le purgatoire à cause de la peine qu’on y souffre, mais désirez ne pas y aller pour faire plaisir au Bon Dieu qui impose avec tant de regret cette expiation.
Dès lors que vous cherchez à Lui plaire en tout, si vous avez la confiance inébranlable qu’Il vous purifie à chaque instant dans son Amour et qu’Il ne laisse en vous aucune trace de péché, soyez bien sûre que vous n’irez pas en purgatoire.
Ma Mère chérie, Vous qui m’avez permis de m’offrir ainsi au Bon Dieu, vous savez les fleuves, ou plutôt les océans de grâces qui sont venus inonder mon âme. Ah ! depuis cet heureux jour, il me semble que l’Amour me pénètre et m’environne. Il me semble qu’à chaque instant cet Amour Miséricordieux me renouvelle, purifie mon âme et n’y laisse aucune trace de péché.
Aussi, je ne puis craindre le purgatoire. Je sais que par moi-même je ne mériterais pas même d’entrer dans ce lieu d’expiation, puisque les âmes saintes peuvent seules y avoir accès. Mais je sais que le Feu de l’Amour est plus sanctifiant que celui du purgatoire. Je sais que Jésus ne peut désirer pour nous de souffrances inutiles et qu’Il ne m’inspirerait pas les désirs que je ressens, s’Il ne voulait les combler.
Oh ! qu’elle est douce la voie de l’Amour ! Comme je veux m’appliquer à faire toujours avec le plus grand abandon la volonté du Bon Dieu !
Lettre au père Rouland1
Je sais qu’il faut être bien pur pour paraître devant le Dieu de toute sainteté, mais je sais aussi que le Seigneur est infiniment juste, et c’est cette justice, qui effraie tant d’âmes, qui fait le sujet de ma joie et de ma confiance. Être juste, ce n’est pas seulement exercer la sévérité pour punir les coupables, c’est encore reconnaître les intentions droites et récompenser la vertu. J’espère autant de la justice du bon Dieu que de sa miséricorde ; c’est parce qu’Il est compatissant et rempli de douceur, lent à punir et abondant en miséricorde. Car Il connaît notre fragilité, Il se souvient que nous ne sommes que poussière. Comme un père a de la tendresse pour ses enfants, ainsi le Seigneur a compassion de nous (Ps. 102, 8. 14. 13).
Parfois, lorsque je lis certains traités spirituels où la perfection est montrée à travers mille entraves, environnée d’une foule d’illusions, mon pauvre petit esprit se fatigue bien vite. Je ferme le savant livre qui me casse la tête et me dessèche le cœur, et je prends l’Écriture sainte. Alors, tout me semble lumineux ; une seule parole découvre à mon âme des horizons infinis, la perfection me semble facile ; je vois qu’il suffit de reconnaître son néant et de s’abandonner comme un enfant dans les bras du bon Dieu.
Saint Jean-Marie Vianney
Présentation
Jean-Marie Vianney (1786-1859), fut curé d’Ars-sur-Formans pendant 41 ans. Il passait de très longues heures au confessionnal, et célébrait la messe avec une immense dévotion. Canonisé en 1925, il est aujourd’hui le saint patron des prêtres paroissiaux.
Homélie sur la délivrance du purgatoire
Mes enfants, un bon prêtre (il s’agit de lui-même, ndlr) avait eu le malheur de perdre un ami qu’il chérissait tendrement, aussi priait-il beaucoup pour le repos de son âme. Un jour, Dieu lui fit connaitre qu’il était au Purgatoire et qu’il souffrait horriblement. Ce saint prêtre ne crut rien faire de mieux que d’offrir le Saint Sacrifice de la messe pour son cher défunt. Au moment de la consécration, il prit l’hostie entre ses doigt et dit :
« Père Saint et Éternel, faisons un échange ; vous tenez l’âme de mon ami qui est en Purgatoire et moi je tiens le corps de votre fils qui est entre mes mains. Père bon et miséricordieux, délivrez mon ami et je vous offre votre fils avec tous les mérites de sa mort et de sa passion. »
Sa demande fut exaucée. En effet, au moment de l’élévation, il vit l’âme de son ami, toute rayonnante de gloire, qui montait au Ciel : Dieu avait accepté l’échange.
Mes enfants, quand nous voulons délivrer du Purgatoire une âme qui nous est chère, faisons de même. Offrons à Dieu, par le Saint Sacrifice, son bien-aimé Fils, avec tous les mérites de sa mort et de sa passion. Il ne pourra rien nous refuser.
Saint Robert Bellarmin
Présentation
Robert Bellarmin (1542-1621), est un jésuite italien, cardinal et théologien. Son œuvre majeure s’intitule les Controverses, un ensemble d’ouvrages défendant la doctrine catholique face au protestantisme. Il fut canonisé en 1930 et proclamé docteur de l’Église en 1931.
Les âmes qui brûlent dans le Purgatoire sont une cause digne de pitié, et la considération de leurs peines est pour ceux qui vivent encore une vraie source de larmes. Quatre choses montrent la grandeur de ces peines et l’obligation où trous sommes de compatir et d’apporter tout le soulagement qu’il se peut aux maux de nos frères.
- La première est que les peines du Purgatoire surpassent de beaucoup toutes les nôtres.
- La seconde, que pour l’ordinaire elles durent plus longtemps.
- La troisième, que les âmes qui endurent de si rudes peines sont hors d’état de se soulager elles-mêmes.
- La quatrième, que ces peines sont en très grand nombre.
Saint Jean Bosco
Présentation
Jean Bosco (1815-1888), prêtre piémontais, est le fondateur de la Congrégation salésienne. Il consacra sa vie aux jeunes, en particulier aux enfants pauvres et délaissés de Turin, marqués par la révolution industrielle. Grand pédagogue et organisateur, il créa écoles, ateliers et oratoires pour former la jeunesse. Canonisé en 1934, il est considéré comme le patron des éducateurs et des jeunes..
Mémoires (vol. 2), chapitre 282
Employez-vous autant que vous pouvez à secourir les âmes des défunts, qui du milieu des flammes du purgatoire vous demandent secours et pitié. D’autant plus que la mesure avec laquelle vous leur ferez du bien, Dieu s’en servira pour établir que d’autres fassent de même pour vous. Aujourd’hui, offrez la récitation de l’Angele Dei et de l’Angélus, avec les indulgences qui s’y rattachent, en faveur des saintes âmes du purgatoire.[^19]
Chapitre 39 (ibid)
Une fois fixé le jour de l’exécution, si Don Bosco avait entendu la confession du condamné, la veille au soir, il allait passer la première moitié de la nuit à côté de lui dans la chapelle dite le lieu de réconfort. Ses paroles étaient d’une efficacité extraordinaire pour consoler le patient. Il lui rappelait la bonté de Marie, sa Mère très tendre et refuge des pauvres pécheurs. Il lui faisait remarquer que Dieu avait permis qu’il arrivât à ce moment douloureux, car autrement, en restant impuni, il irait à sa perte éternelle. Il lui assurait que la mort, acceptée avec une pleine résignation, étant un acte de charité parfaite, le conduirait au paradis sans passer par le purgatoire. Il l’invitait à se jeter avec confiance dans les bras de la miséricorde affectueuse du Seigneur, en lui répétant les paroles qu’entendit le bon larron sur la croix : « Aujourd’hui tu seras avec moi au paradis. » De temps en temps, il lui faisait réciter l’acte de contrition ou quelque autre courte prière.
